La papeterie de Condat, un bel exemple de mutation industrielle
Entreprise du Groupe Lecta, la papeterie de Condat, implantée au Lardin-Saint-Lazare en Dordogne, est spécialisée dans la fabrication de papier couché pour l’édition publicitaire, les beaux livres et la presse. Fortement concurrencé par Internet, le marché de l’édition s’érode et entraine progressivement la papeterie vers des difficultés économiques.
Avant 2018, l’entreprise présente des projets de rebondissement (évolution écologique, transition énergétique, modernisation du site…) qui n’aboutissent pas, mettant en péril plus de 500 emplois et plus encore d’emplois induits par l’activité. Seul un projet de valorisation d’une ancienne décharge avec la centrale solaire thermique a pu voir le jour avec l’aide de l’Ademe.
En 2018, changement de management à la tête de Condat avec l’arrivée de Stéphane De Gélis pour mettre en place des méthodes de management issues des pratiques du monde automobile.
Début 2019, le carnet de commande accuse une xième baisse et il est décidé d’arrêter la production de la ligne 8.
En 2019, le déploiement du « management control », l’amélioration continue et la mise en place d’un Comex conduisent à une amélioration, en rupture sur l’ensemble des indicateurs opérationnels du site : sécurité, qualité interne et externe, performance opérationnelle…
Après avoir été menacée de fermeture, un projet pour repositionner le site de Condat sur un marché d’avenir voit le jour : la fabrication de papier spéciaux destinés au marché de l’étiquette auto adhésive, marché qui est en plein essor du fait notamment du e-commerce et des commandes en ligne.
Début 2020, le groupe Lecta valide un virage stratégique en transformant complètement sa ligne de production 8 afin de la consacrer en partie à cette fabrication.
Le groupe Lecta a investi 80 millions d'euros, avec l'aide de la Région et de l'État, pour financer cette mutation technologique.
Du désarroi à l’engagement…
Après des années sombres, les salariés croient enfin à un nouvel avenir. Dans un premier temps, le chômage partiel a concerné tout le personnel de la ligne 8 ainsi que celui des équipements associés.
Afin de minimiser l’impact de cette réduction d’activité, la Direction Générale (Stéphane De Gélis) et les Ressources Humaines (Nicolas Dompieri DRH) ont élaboré un plan de formation massif dont les objectifs principaux ont été l’accompagnement à la mutation technologique par une montée en compétences des équipes – la fabrication de papier glassine relevant d’une technicité différente par rapport aux papiers couchés produits historiquement – et la valorisation des compétences par la reconnaissance des acquis de l’expérience.
Plus de 170 personnes vont suivre un parcours de formation d’une durée de 6 à 16 mois, offrant l’opportunité d’obtenir une Certification de Qualification Professionnelle (CQP). La forte implication des salariés peut se mesurer à la hauteur de la mobilisation de leur Compte CPF (Compte Personnel de Formation).
Les formations dispensent des apports techniques cœur de métier (process papetier, calandre, nouveaux procédés glassine, nouvelles technologies, matières premières) des apports socle de connaissance (physique/chimie, maths appliquées, langues), des fondamentaux de la maintenance (électricité, automatisme, régulation, hydraulique) mais aussi des formations QHSEE, SST, Validation des CACES chariot et pontier, bureautique… Pour accompagner les équipes au plus près du terrain, les managers ont suivi eux aussi des parcours de professionnalisation en management de proximité (gestion des compétences, animation de réunion, communication, gestion de projet). Quant aux services supports, ils ont également bénéficié de formations aux nouveaux produits, en achat et logistique, contrôle de gestion, contrôle de gestion, bureautique, espagnol, anglais, …
Les acteurs de Branche au côté de l’entreprise dans sa mutation industrielle
Nicolas Dompieri, directeur des Ressources Humaines, a travaillé avec l’Unidis pour bâtir cet accompagnement et reconnaissance des compétences.
En effet, l’Unidis Stratégie et Avenir, organisme de formation de la Branche Papier Carton, a accompagné le site de Condat dans l’élaboration de ce plan de développement des compétences ainsi que dans le déploiement et le pilotage des actions.
Une équipe de 12 formateurs d’organismes partenaires labellisés est intervenue, aussi impliquée sur le transfert de compétences dans le respect des objectifs pédagogiques que sur l’écoute et la prise en compte des stagiaires qui cheminaient individuellement et collectivement vers l’acceptation de cette nouvelle page de l’histoire du site du Lardin-Saint-Lazare : du choc, avec l’annonce du changement, puis la remise en question et enfin, la remobilisation de tous. Les sessions de formation ont été un véritable espace de communication et un levier de reconnaissance pour encourager l’engagement de tous dans ce tournant stratégique.
La Branche de l’Intersecteur Papier Carton et l’Unidis ont soutenu, tout au long du projet, ce plan de formation massif, ainsi que l’OPCO2i, partenaire financier indispensable à sa réalisation en complément des aides des collectivités territoriales.
Grace à l’implication de tous les collaborateurs, les premières bobines sortiront à l’automne et ce moment tant attendu sera inévitablement chargé de fierté et d’émotion.
Une entreprise apprenante pour un nouveau départ…
Anticipant les futurs départs à la retraite, l’entreprise vient d’intégrer 16 nouveaux salariés qui bénéficient dès leur arrivée d’une formation aux fondamentaux des métiers papetiers. Ils pourront ainsi, accompagnés de leurs tuteurs, présenter en décembre prochain leur Certification de Qualification Professionnelle (CQP) devant un jury de la Branche Papier Carton.
Une seconde tranche d’investissement lourd de sens également prévue dans les années à venir. En effet, les travaux continueront sur le site du Lardin-Saint-Lazare avec l’installation d’une chaudière à combustibles solides de récupération (CSR), qui permettra de réduire l’écart de compétitivité sur l’énergie avec les concurrents de Condat en réduisant la consommation d’énergie fossile et diminuant l’impact environnemental.
La vie d’entreprise est loin d’être un long fleuve tranquille …. Les Lardinois ne vous diront pas le contraire !