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La bioéconomie pour une industrie compétitive

Pendant les très intéressantes Journées techniques papetières qui se sont tenues à Paris, à la Grande Crypte, les 23 et 24 novembre, Copacel a tenu sa conférence annuelle sur le thème "Comment la bioéconomie peut-elle contribuer à l'émergence d'une industrie compétitive et bas carbone?".

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Claude Roy, fondateur du Cercle des bioéconomistes, avait pour mission d'expliquer ce qu'est la bioéconomie ou économie biosourcée, qui mobilise et transforme les productions naturelles issues de la photosynthèse (une pompe à carbone). C’est une source majeure d'absorption et de stockage du CO2 atmosphérique. Elle débouche sur une dizaine de filières dites bas carbone, qui sont à la base consommatrices d'énergie solaire. Les filières de base sont l'agro-alimentaire, la forêt et les fibres mais il y a maintenant aussi des néo-filières apparues il y a une trentaine d'années : les matériaux composites, la chimie du végétal, les bio-carburants, les bio-combustibles, les bio-fertilisants…

Les branches de la bioéconomie représentent plus de 7 % de parts de marché (beaucoup plus que les panneaux solaires ou les éoliennes), 3000 entreprises environ et 14 Md d'euros de chiffre d’affaires en France. Plus de 100 000 emplois y ont été créés depuis les années 2000.

La chance du bois papier est d'être du carbone vert par nature.Trois voies seulement permettent de faire face au défi climatique et l’économie biosourcée est opérante dans chacune d’entre elles : l'économie d’énergie et de matières premières; la substitution d’énergies et de matières premières fossiles; la séquestration du carbone.

« Une agriculture et une sylviculture productives, avec leurs filières industrielles de transformation, sont de vrais remparts contre le changement climatique, mais une forêt "sous cloche" n'est pas productive », affirme Claude Roy.

Quelques chiffres : en 2020-2030, 7 % des marchés de l'énergie, des matériaux et de la chimie sont déjà d'origine biosourcée; en 2040/2050, ce sera 10 % et en 2060 et au-delà, 20 % de ces marchés pourraient l'être, favorisant la régulation climatique. C'est un chiffre énorme. Aurons-nous assez de biomasse? On ne sait pas, dit Claude Roy. Ils seront fondés pour les deux tiers sur une mobilisation accrue des ressources de la filière forêt-bois-fibres, et pour un tiers environ sur celles de la filière agriculture-IAA.

Ainsi, la filière française des biocarburants permet d’éviter l’importation de 1 Md d'euros/an de pétrole.

 

La cellulose, une molécule pas banale!

 

La cellulose intervient dans 5 % des néo-matériaux, composites et bases chimiques ; 6,5 % des consommations totales d’énergies carbonées ; plus de 10 % des matériaux de construction ; 20 % des emballages ; 95 à 100 % des supports d’impression et d'édition. Des productions qui se recyclent, stockent du carbone et restituent en fin de vie un biocombustible renouvelable.

Par exemple, les biocarburants constituent la seule filière économique au monde qui soit certifiable et certifiée durable (directive UE de 2009…). Mais attention aux biocarburants de deuxième génération fabriqués à partir des sous-produits et déchets du bois qui pourraient devenir concurrents de la filière papetière pour l'approvisionnement de la matière première. Ainsi l'éthanol de deuxième génération pourrait être produit à partir de quatre usines en France qui pourraient utiliser 4 M de tonnes de ces déchets de bois dans quelques années. A suivre donc.

Quant aux filières de méthanisation issues des biodéchets et des effluents industriels agro-alimentaires et papetiers, elles sont en pointe (20 Mt d’effluents à traiter par an). La méthanisation est une solution bas-carbone de dépollution puissante qui réduit notamment les coûts de traitement des biodéchets industriels. La méthanisation a contribué à diviser par deux les émissions de la filière pâte papiers au cours des dernières années, en produisant notamment de la chaleur "bas carbone" réutilisable sur les sites industriels.

Alors Claude Roy de conclure en posant la question : la compensation carbone est-elle une panacée? Et sa réponse est très tranchée : « C’est souvent la plantation d’arbres qui est préconisée comme une "solution miracle" pour compenser (en théorie) un bilan carbone industriel qui s’avèrerait déficient. N’est-ce pas là l’achat d’une forme "d’indulgence" ? Car une tonne de CO2 absorbée / stockée par le reboisement ne vaut pas, et ne vaudra jamais une tonne de CO2 évitée par un process amélioré ! »

On l'aura compris, Claude Roy prône le développement durable avant l'écologie, pour une vision de l'écologie industrielle avec du profit et de la rentabilité,

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